Birmanie (Myanmar)
Novembre 2005 =>
4 semaines
J
'arrive
en Birmanie par avion, partant de Kunming
en Chine et arrivant à Mandalay.
Il est possible d'y entrer par la voie terrestre, depuis la Chine,
mais il faut passer par une agence de voyage et le prix revient au
même. Les formalités d'entrée à l'aéroport s'avèrent aisées et
il n'est plus nécessaire de changer des devises à l'aéroport.
Heureusement car le taux de change officiel est ridiculement bas. Le
dollar est roi en Birmanie. L'hôtel se règle toujours en dollars et
il est préférable d'avoir sa réserve de petites
coupures.
L'aéroport est situé à 40 km de Mandalay et ne
trouvant personne pour partager mon taxi, il m'en coûtera 10 dollars
pour rejoindre un hôtel en ville. Une fois installé dans une
chambre à 4 US$, je vais changer de l'argent au marché et
obtiendrais 1200 kyats pour 1 US$. Très tôt le lendemain matin, je
me rends en rickshaw à la pagode Mahamuni pour assister au lavage du
Bouddha. Le Bouddha est joli, l'atmosphère empreinte de religiosité
et de sérénité : très agréable. A 9h, je pars pour Mingun
(ancienne capitale) en bateau. Seul le bateau affrété pour les
touristes peut être emprunté. Je me retrouverais avec une dizaine
d'autres voyageurs. La balade est paisible et Mingun intéressant.
J'y fais l'expérience des sites touristiques birmans, des centaines
d'étals de souvenirs divers. On y trouve de très jolies peintures
sur toiles, des marionnettes, des sculptures…
Avec
d'autres clients de l'hôtel, on partage un taxi pour visiter les 3
anciennes capitales (Amarapura, Ava et Sagaing) à proximité de
Mandalay. A Sagaing,
on arpente une colline peuplée de temples et pagodes. A Ava,
situé sur une île, c'est en calèche que l'on accède aux
différents site. A Amarapura,
on s'attarde sur un long et joli pont en teck (U'beins). Ava est un
très joli endroit naturel qui mériterait une journée entière à
lui seul. On y assiste à une cérémonie non touristique au pied
d'un temple. Une forte population locale est présente, regardant un
orchestre jouer et une danseuse évoluer dans ses beaux atours.
Je
visite le lendemain un atelier de fabrication de feuilles d'or.
Celles-ci sont très prisées, apposées sur les statues dans les
temples comme offrande. Leur réalisation est un long processus, des
heures de coups de masse en bois. Le soir, je me rends à la colline
de Mandalay avant le coucher du soleil. Du haut de la colline,
parsemée de temples, la vue est très belle et la lumière
magnifique en fin de journée. Il y a quelques averses mais tous les
escaliers sont couverts.
Je quitte Mandalay en bus, pour Kalaw.
Le trajet durera plus de 7h sous la pluie. Kalaw
est située à 1300m et la température y est agréable. L'intérêt
de l'endroit, ce sont les treks de quelques jours à effectuer autour
de la ville. J'en fais un de 2 jours en compagnie d'une Norvégienne
et d'un Tchèque. Le premier jour sera pénible. Il pleut et les
chemins ne sont que boue et glissants. Le deuxième sera bien plus
agréable mais le grand intérêt du trek sera la nuit passée chez
l'habitant : endroit paisible, famille accueillante, repas excellent,
fille intelligente et attachante, un grand moment.
En
chemin, quelques grottes peuplées de Bouddhas sont à visiter. Le
trek n'est pas exceptionnel en soi mais permet d'aller à la
rencontre des villageois. L'UNICEF a beaucoup œuvré dans les
villages alentours, principalement pour leur approvisionnement en
eau. C'est la fin de la saison des pluies et les grosses araignées
sont légions, avec leur toile autour des fils électriques. C'est
également le temps de Dipavali, la fête indienne. Avec les Anglais,
beaucoup d'Indiens étaient venus en Birmanie. Ils sont toujours là,
formant de petites communautés. Ne se mariant que très rarement
avec les Birmans, nombre d'Indiennes restent célibataires. Elles
trouvent les Birmans fainéants, buveurs et fumeurs. Les femmes
birmanes se protègent la peau avec une poudre de bois (santal…).
Il leur suffit de frotter un morceau de bois sur une pierre abrasive
et d'humidifier la poudre avant de s'en enduire. C'est censé les
protéger des coups de soleil et de l'acné.
En bus, je me rends
à Nyaungshwé,
porte d'entrée du Lac
Inlé. Les petits
budgets y restent, les hôtels sur le lac étant très chers. En
découvrant les environs de la ville, je passe par un petit temple
doublé d'un centre de méditation où un moine s'amusera à faire
sauter un chat entre ses bras. C'est une spécialité d'un temple
situé sur le lac mais je ne le savais même pas. Quelle idée de
voyager sans guide ! Je passe une journée sur le lac à bord d'une
pirogue à moteur avec deux amis Tchèques. On y visite un marché,
une colline couverte de pagodes, une fabrique de tissu, une autre de
cigares puis une d'ombrelles. La journée se termine par la visite du
fameux temple aux chats sauteurs et aux célèbres petits Bouddhas.
Ces Bouddhas sont difformes, méconnaissables sous les couches de
feuilles d'or dont ils ont été recouverts au fil du temps par les
fidèles. Au final, ce fut une bonne journée. Evidemment, il ne faut
pas en attendre trop d'authenticité.
Le
lendemain, c'est une journée vélo. J'en loue un et part à
l'aventure. En cour de chemin, entendant de la musique, je quitte la
route et arrive dans un petit village au bord du lac. Une cérémonie
s'y déroule pour l'intronisation de jeunes garçons dans la vie
monastique. Certains arrivent par bateau. Ils sont habillés comme
des princes et maquillés à outrance. Je suis le bienvenu et même
invité à partager un repas communautaire. Le soir, je vais me faire
masser. Le massage est agréable et surprenant. Il semble basé sur
des points de compression, le masseur s'arrêtant parfois plus de 10
secondes, pressant un point bien précis. Une grande animation règne
le soir. Un énorme ballon d'air chaud est envoyé dans le ciel,
chargé de pyrotechnie : très surprenant.
C'est une spécialité
de Taunggyi,
ville toute proche où le festival des ballons va bientôt commencer.
Malheureusement, je serais en avance d'une semaine en arrivant dans
cette ville et n'assisterais pas au festival. J'y rencontre un prof
de français local qui me fera visiter la ville. Il me présente la
sœur d'une femme s'étant mariée avec un Français (rencontré en
Thaïlande). De Taunggyi, situé dans les montagnes, l'on a une très
jolie vue sur la plaine alentours, jusqu'au lac. Je quitte la ville
pour Bagan, à 13h de bus. Comme toujours, les véhicules au Myanmar
ont le volant à droite et roulent à droite. Le sens de circulation
a changé récemment et seuls les véhicules neufs (rares) ont le
volant du bon côté. Peu après le départ, le bus est bloqué
pendant 1h dans un embouteillage. La route est étroite et personne
ne veut céder le passage. C'est tout le contraire lorsqu'un véhicule
militaire approche. Alors, tout le monde se range sur le côté si
nécessaire pour éviter ne serais-ce que de les faire ralentir. Aux
check points, tous les passagers descendent du bus et montrent leur
carte d'identité avec appréhension, aux militaires.
Arrivé
à Nyaung U (ville
aux hotels pas cher pour visiter Bagan), il me faut descendre du bus
pour payer 10US$ d'entrée. Bagan
se visite à vélo. Ils se louent à 0,5 euro / jour. C'est un
endroit féerique, le plus beau site de Birmanie à mon avis.
D'innombrables temples et stupas se dressent fièrement dans la
plaine, disséminés sur une large étendue et entourés de champs
verdoyants. Le temps est nuageux et il ne fait pas trop chaud. A
midi, arrivé à une pagode avec vue sur la rivière Ayeyarwady, je
suis invité par des touristes birmans à déjeuner. Le lendemain,
autre journée à vélo. A 10km au sud de Nyaung U, un temple s'élève
sur une colline et offre un joli panorama. Le temple est quelconque
mais le retour par des petits chemins sablonneux est excellent,
traversant quelques villages très rustiques. Je suis de nouveau
invité à déjeuner aux environs de midi, par des agriculteurs (1
homme et 5 femmes) se restaurant dans un vieux stupa, aux pieds d'un
Bouddha : très bon repas. La pagode Shwézigon dans Nyaung U est
extrêmement jolie mais les vendeurs de souvenirs y sont très
nombreux. Cela se comprend aisément, un employé normal ne gagne
environ qu'1US$ par jour. Le soir, la haute pagode Swésandon est
prise d'assaut par les touristes désirant assister au coucher du
soleil. Mieux vaut grimper sur une autre pagode, elles sont le plus
souvent désertes.
Après
une journée de repos, nonobstant une petite balade jusqu'à
l'embarcadère de Nyaung U, je monte à bord d'un bon bus pour Yangon
(16h de trajet). J'y arrive au petit matin. On est en période de
festival. Celui-ci a pour but de récolter des fonds pour les
temples. Il est plutôt sympathique mais la musique est très forte
et très criarde, en non-stop toute la journée et une partie de la
nuit. Devant repasser par Yangon, je rejoins Pathéin
en bus mais la ville s'avère aussi bruyante que Yangon. Le billet de
bus est 2 fois plus cher pour les étrangers. Malgré le bruit, la
ville est agréable et on y trouve la jolie pagode Shwémoktaw. Des
moines en visite m'invitent à les accompagner voir une autre pagode,
de l'autre coté du fleuve. Ils sont très sympathiques. En ville, je
rencontre un Indien vendant des beignets. Il m'en offre en échange
d'une petite discussion car il veut pratiquer et améliorer son
anglais. Il est jovial et intéressant sans être envahissant. Si
vous passer par là, aller lui dire bonjour en fin de journée. Il
vend ses beignets à coté du fleuve. En raison du festival, des
processions ont lieu avec musique et hommes déguisés, qui en
éléphant, qui en singe ou vache. Avant de me rendre en bordure de
mer, à Chaungtha,
je marche jusqu'à une fabrique d'ombrelles et en achète deux,
faîtes et peintes à la main. Elles sont très jolies. La fabrique
est un peu éloignée du centre ville et marchant dans de petites
ruelles, les gens semblent agréablement surpris de me voir. Cela
dit, très vite, une voiture militaire apparaît et elle semble me
suivre.
Chaungtha, à 2h de bus, regorge d'hôtels. J'en trouve
un à 4US$ pas trop éloigné de la plage et en retrait de la route.
Un endroit parfait pour un peu de repos et en plus, le choix d'un
petit restaurant est vaste tout comme leurs cartes axées sur les
fruits de mers et poissons. La plage n'est pas trop mal et l'eau est
chaude. En remontant un peu vers le nord, on peut dénicher des
plages 'vierges'. Après quelques jours, je retourne à Pathéin ou
j'embarque à bord d'un bateau de nuit pour Yangon. J'y serais assis
par terre et la nuit sera assez longue mais les locaux seront
particulièrement gentils envers moi ; dommage qu'il y ait tellement
d'insectes. Le départ est à 17h et l'arrivée à 11h le
lendemain.
A
Yangon,
je visite enfin la pagode Shwédagon. Je m'y rendrais le matin et le
soir, le billet étant valide une journée. C'est un endroit
magnifique. La lumière y est plus belle le soir mais en soirée, on
y trouve tellement de touristes occidentaux que j'apprécierais bien
plus ma visite matinale. J'entre également dans un autre temple, un
temple indien dédié à la sanguinaire Kali. Le contraste est
saisissant d'avec la riche Shwédagon. C'est un temple très pauvre
mais l'on y sent vibrer l'âme indienne.
Quelques petites
remarques concernant la Birmanie :
- Aller en Birmanie revient à
s'isoler quelque peu. Il est très difficile voir impossible d'y
recevoir des emails, Yahoo et Hotmail étant interdits. On parvient
parfois à y accéder via un logiciel dissimulant la connexion mais
les temps de réponse sont alors très très longs. Il me fallu
parfois près d'1h pour parvenir à ouvrir 4 emails. En plus, le prix
d'un appel téléphonique hors du pays est exorbitant.
- La
viande est loin d'être bonne et les animaux n'ont en général que
la peau sur les os.
- On peut toujours trouver une chambre
d'hôtel à 4 ou 5US$. Même en payant plus cher que les locaux, la
Birmanie est un pays bon marché.
Je quitte Yangon par avion
pour Bangkok
avec une interrogation : " Que va devenir le pays ? ".
Personne ne semble à même de pouvoir ébranler la dictature
militaire aujourd'hui, mais cela va-t-il durer ? Les paraboles
satellites, parfois visibles, doivent réveiller des consciences et
la population est loin, très loin d'apprécier la situation
actuelle.
Janvier 2019 =>
4 semaines
R
etour
en Birmanie 13 ans plus tard. Parmi les changements constatés,
entrée par voie terrestre possible depuis la Thaïlande, internet
viable, population moins apeurée...
J'entre aisément en
Birmanie par le poste frontière de MaeSot/Myawaddy
après m'être procuré un
e-visa, et je rejoins Hpa-An
en taxi commun. Les environs
de cette ville sont très jolis et des scooters s'y louent facilement
pour les explorer. Ne pas rater le départ des milliers de
chauve-souris de la grotte Linno,
le soir. Rester plusieurs jours dans cette ville est une bonne
idée.
Un
peu plus loin, le rocher d’or à Kyaiktiyo,
est un des endroits les plus sacrés de Birmanie. Il vaut également
le détour même si c’est un peu l’usine pour y monter et que la
majorité des hôtels corrects n’acceptent pas les étrangers. Les
pèlerins sont légion.
Je gagne ensuite la capitale Yangon,
paisiblement en train (billet de première classe moins cher que le
bus mais à réserver la veille). Les grandes villes ne sont pas mon
élément de prédilection mais elles ont aussi leurs attraits. Ne
serais-ce que la diversité de leurs restaurants. Je la quitterai par
bus de nuit (12h) pour la fameuse plage de Ngapali.
Le petit village au sud de la plage est pittoresque et les couchers
de soleil magnifiques. Nage au programme tous les jours. Après un
peu de repos, nouveau bus longue distance, à destination de Mrauk
U et de ses
fameux temples. Un peu avant Mrauk U, un pont n’est pas ouvert aux
bus. Il faudra attendre toute la nuit dans le bus à l'arrêt avant
de traverser la rivière dans un bac, au petit matin. 22h de trajet
au lieu de 15h. Mrauk U est hors des circuits touristiques usuels.
C’est joli, paisible et intéressant. Je ne regretterai pas le
déplacement malgré les heures de bus. Le bus suivant pour en
partir, à destination de Mandalay,
mettra 19h.
Je
visite ensuite Mindat,
petit village perdu dans les montagnes. Celui-ci attire quelques
touristes car les femmes de la région ont le visage tatoué. La
pratique est aujourd’hui interdite mais elle était autrefois
obligatoire. Pour que le tatouage soit bien visibles, 3 sessions
douloureuses étaient généralement nécessaires. Supplice réservé
aux femmes.
Je retourne ensuite au paradis des touristes qu’est
Bagan.
Malheureusement, suite au dernier grand tremblement de terre, il est
maintenant interdit de grimper sur la majorité des temples pour
profiter au maximum du lever du soleil. Une des rare encore
accessible sera bondée. Ne pas arriver en retard. Je me souvenais de
2-3 montgolfières dans le ciel au petit matin. Elles sont
aujourd’hui des dizaines. Pour la visite, les scooters électriques
ont supplantés les vélos et sont bien adaptés au lieu. C’est
toujours joli mais je préférais l’atmosphère de Mrauk-U.
Ma
destination suivante est Kakku,
un ensemble de petites pagodes serrées les unes contre les autres.
J’y accéderais via la ville de Taunggyi.
Le site est photogénique mais n’est accessible qu’en taxi. S’y
rendre si possible un jour de marché.
Après une petite halte à
Kalaw
et une randonnée dans ses
environs, je descendrais ensuite sur Dawei
via Mawlamyine
avant de retourner en
Thaïlande par le poste frontière de HtheeKee/PhuNamRon.
Le bus de Kalaw à Mawlamyine, 16h. Le train de Mawlamyine à Dawei,
15h. Mawlamyine ne me laissera pas un souvenir impérissable
peut-être en raison de la fatigue mais si j'avais eu encore un peu
de temps, j'aurais bien exploré les environs de Dawei. Apparemment,
de belles plages... sont accessibles en scooters. Plusieurs touristes
dans l'hôtel où je suis descendu, s'y rendaient tous les
jours.
Avant
de quitter la Birmanie, j'achetais un longyi, vêtement traditionnel
birman servant à se couvrir les jambes, sans aucun bouton ou
fermeture. Ceux pour les femmes sont ornés et colorés. Pour les
hommes, c'est plus terne. Le longyi est très confortable et frais
mais il ressemble beaucoup à une jupe. Je ferais sensation ainsi
équipé pour aller faire mes courses en France.
J’avais
oublié comme les Birmans étaient gentils. C’est un pays où l’on
se sent bien. Tous les problèmes sont loin d’être réglés dans
ce pays mais j’espère que tout un chacun pourra bientôt y trouver
sa place.